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Facebook me (not)

J’ai été voir ce week-end le très attendu « The Social Network », de David Fincher, qui retrace la création de Facebook et révèle quelques facettes pour le moins obscures de son (co-) fondateur, le milliardaire Mark Zuckerberg.

Premier constat : on est loin du nerd sympathique et attachant. Le film s’ouvre sur une scène de rupture avec sa petite amie Erica (on se demande d’ailleurs, à l’entendre parler, comment Zuckerberg a réussi à sortir avec une fille : outre sa conversation peu passionnante -c’est certes subjectif-, il apparaît imbu de lui-même, n’hésitant pas à la rabaisser). De retour chez lui, il sort quelques bières, s’installe devant son ordinateur, son meilleur ami, et commence à blogger (où est le carton de pizza ?)…

En bon asocial aigri (le paradoxe entre le concept même de Facebook, la mise en relation des individus, et son « créateur », très seul, est assez saisissant), il en profite pour cracher sur son ex de manière peu élégante et tenir des propos insupportables sur les femmes… A l’encre, comme elle lui dira plus tard, et pas au crayon. C’est là  toutes les limites d’Internet… On écrit ce qu’on veut, sur qui on veut.  Germe bientôt l’idée de pirater les sites des fraternités pour récupérer les photos des filles du campus et permettre aux garçons, grâce à un algorithme, de les classer. La fréquentation explose, et le serveur d’Harvard plante. Zuckerberg passe en conseil de discipline.

Mais l’opération a le mérite de faire connaître ses « talents » (indéniables) à trois autres étudiants, incarnation de l’Harvard d’antan, avec son code de l’honneur un peu désuet, qui décident de l’engager pour mettre en ligne un réseau social réservé aux étudiants de la prestigieuse université. Les deux jumeaux Winklevoss sont aux antipodes de Zuckerberg : très sportifs, athlétiques, ayant reçu une éducation à l’ancienne…

Zuckerberg les promène pendant plus d’un mois, pour finir par lancer dans leur dos, avec l’aide financière de son meilleur ami Edouardo qui n’est pas au courant de cette usurpation, « The Facebook ». La suite, on la connaît : le site perd son « The », essaime rapidement dans toutes les plus grandes écoles américaines avant de gagner (j’ai presque envie de dire « gangréner ») l’Europe. Le meilleur ami et associé des débuts se retrouve évincé de l’affaire, Facebook devient « the site to be » et Zuckerberg milliardaire.

The Social Network apporte donc un éclairage intéressant bien qu’un peu complaisant sur la personnalité de Zuckerberg. Complaisant dans le sens où il apparaît presque attachant, avec ses tongs et ses tee-shirts trop grands. Il semble victime de son succès, un peu comme si, à part la technique, il n’était responsable de rien, qu’il était le premier surpris de sa réussite. Les faits font pourtant ressortir un personnage peu élégant, et par certains côtés un peu flippant.

Facebook a le mérite de poser la question des conséquences du progrès technologique sur nos vies privées, question qui nous conduit à nous demander si progrès technologique = progrès « humain »… C’est là tout le talent de ce site : même si l’on en arrive à la conclusion que non, Facebook, ce n’est pas forcément un progrès, du moins pas à tous les niveaux… Le site est tellement implanté qu’on peut difficilement s’en passer, au risque d’être « marginalisé ». Reste à composer entre la praticité de l’outil et ses dérives…
Et à apprendre à maîtriser ses « privacy settings ».

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