Hier matin, j’ai enfin vu Les femmes du 6e étage, que l’on m’avait fortement conseillé…
Eh bien je n’ai pas été déçue, j’ai vraiment beaucoup aimé ce film, sorti à la même période que les grosses machines de guerre que sontBlack Swan, Le Discours d’un Roi ou True Grit...
Dans le Paris des années 60, Luchini incarne avec le brio qu’on lui connaît un agent de change dont la petite vie bourgeoise va être bouleversée par l’arrivée d’une nouvelle (et charmante) bonne espagnole, Maria, qui lui donne envie de s’intéresser au monde qui bruit au-dessus de sa tête : celui du 6e étage, où vivent « Les Espagnoles« . L’occasion pour « Monsieur Joubert » de prendre conscience de leurs conditions de vie, en découvrant en même temps leur univers exubérant et plein de vie qui rompt avec son quotidien.
Sandrine Kiberlain est parfaite dans le rôle de l’épouse à l’emploi du temps rempli d’occupations existentielles : rendez-vous chez la couturière, bridge avec ses amies…
Et les actrices qui incarnent la petite troupe de bonnes espagnoles apportent beaucoup de fraîcheur au film.
(L’affiche ne me disait déjà rien qui vaille, j’aurais dû m’en tenir là)
Consacré à un univers qui ne m’a jamais fascinée (ce qui en général ne préjuge en rien de mon intérêt, cf The Wrestler, par exemple), Black Swan, pour ceux qui auraient échappé à la déferlante, met en scène la recherche de perfection d’une danseuse étoile trop lisse, qui doit se dépasser jusqu’à basculer dans le malsain pour incarner le pendant de son personnage de cygne blanc, le cygne noir. Bien bien. Si la performance de Natalie Portman vaut le coup d’oeil, les clichés et les facilités auxquels cède le film m’ont complètement laissée de glace, et même agacée. J’étais presque la seule en sortant de la séance, puisque tout le monde a trouvé Black Swan bouleversant et fascinant. C’est beau, certes, mais je n’ai jamais pensé que le « beau » suffisait à faire un grand film. Je préfère le Darren Aronofsky de Requiem for a dream.
En revanche, et puisque l’on en vient à parler de bouleversement, il y a en ce moment deux excellents films à l’affiche.
Incendies, adapté d’une pièce de Wajdi MOUAWAD (Actes Sud)
Dans un état proche de l’Ohio ? Plus simplement dans les choux ?
Grosse déception pour Somewhere, que j’ai enfin vu hier…
Alors bien sûr, c’est loin d’être un mauvais film, les acteurs sont parfaits dans leurs rôles respectifs (Stephen Dorff en acteur hollywoodien blasé et à la dérive, qui multiplie soirées trop arrosées et aventures d’une nuit pour tenter d’oublier le vide de sa vie et Elle Fanning, lumineuse, qui interprète sa fille Cleo). Mais blondeur évanescente et musique de Phoenix ne suffisent pas (plus ?) à faire un bon film.
Sincèrement, j’ai hésité entre dormir ou partir, pour ne finalement faire ni l’un, ni l’autre, par flemme et par principe. Outre la lenteur du film que j’ai trouvée très surfaite, et qui se justifie beaucoup moins que dans ses autres réalisations, le message délivré, bien qu’essentiel, est plutôt simpliste (grosso modo, il n’est jamais trop tard pour changer sa vie et apprendre à aimer. Merci Sofia).
On se croirait dans une (très) plate adaptation d’un roman de Bret Easton Ellis…
Le nom des gens est sorti il y a déjà quelque temps, mais il est toujours à l’affiche, et même si j’ai trouvé le scénario trop caricatural à bien des égards, j’ai passé un très bon moment. Autour du couple truculent que forment Bahia (d’origine algérienne) et Arthur (dont la mère est juive), Michel Leclerc aborde avec finesse des problématiques beaucoup moins drôles : antisémitisme, racisme, stigmatisation, intégration…
En ces temps troublés d’intense questionnement sur l’identité nationale… c’est courageux !
Sara Forestier, un peu trop nue, incarne Bahia Benmahmoud, une militante de gauche (une vraie) qui a trouvé mieux que les discussions pour convertir ses ennemis politiques à sa cause : elle couche avec eux (ça marche).
Jacques Gamblin est parfait dans le rôle d’Arthur Martin-comme-les-cuisines, jospiniste attachant qui travaille dans le secteur sexy de l’autopsie de volatiles.
Et ne serait-ce que pour l’autodérision dont fait preuve la guest-star de choc qui apparaît à la fin du film… Allez-y !
Un mois après sa sortie… Mieux vaut tard que jamais !
Je ne suis pourtant pas spécialement fan de l’univers de François Ozon, mais là, j’ai adoré. Le film est librement adapté d’une pièce de boulevard signée Barillet et Grédy et se révèle très réjouissant. Une Catherine Deneuve en grande forme, aussi gracieuse en survêtement Adidas rouge qu’en petite robe en mousseline fleurie, « Potiche mais pas cruche », un Fabrice Luchini parfait en patron d’une usine de parapluies qui emprunte quelques répliques cultes de notre cher Président (entre autres, le si châtié « casse-toi, pauv’ con » ainsi que quelques préceptes heureux du type « travailler plus pour gagner plus »), une Judith Godrèche insupportable avec ses positions réac, son brushing très Dallas et son côté fille à papa, un Jérémie Rénier déguisé en Cloclo qui n’est pas vraiment le fils de son père, une Karine Viard secrétaire-maîtresse du patron qui finit par passer secrétaire de la patronne, et Gérard Depardieu parfait (et attachant) en député-maire communiste.
Beaucoup de comique, un peu de nostalgie…
Potiche utilise les codes du théâtre de boulevard en les actualisant, et on passe vraiment un bon moment.
Hier, j’ai été voir le dernier film de Guillaume Canet, Les Petits Mouchoirs.
Ayant beaucoup aimé le très réussiNe le dis à personne, j’attendais la sortie de celui-ci avec impatience. Bilan des courses : moui bof.
Le scénario, d’abord : le film s’ouvre sur l’accident de scooter de Ludo (Jean Dujardin), à la sortie du Baron, par un petit matin blafard. Stéréotype sur pattes, Ludo incarne tout ce que je n’aime pas, mais c’est une autre histoire. Tout le monde rapplique dare-dare à l’hôpital, Marie (Marion Cotillard avec de l’eau dans les yeux et un insupportable rôle de femme-enfant incasable, qui essaie tout, les mecs, les filles et noie sa solitude en fumant des pétards dans des sweats à capuche trop grands), Eric (Gilles Lellouche, dragueur impénitent qui ne croit pas en l’amour), Max (François Cluzet, que j’aime par ailleurs beaucoup mais qui en fait un peu trop), Vincent (Benoît Magimel, qui se rend compte qu’il est tombé amoureux de Max, son meilleur ami- « j’aime tes mains »-), Antoine (Laurent Lafitte, greffé à son téléphone), leurs femmes/petites amies respectives…
Tout ce petit monde décide quand même de partir deux semaines en vacances : « c’est ce que Ludo aurait souhaité »; « s’il lui arrive quelque chose, on remonte illico ».
S’ensuivent 2h34 (!) de scènes sympathiques (bateau, plateaux d’huîtres, apéros,…) avec leur lot de petites mesquineries et de joies, les remises en question… Forcément, on s’identifie un peu : rien que du très quotidien, somme toute, le temps passe plutôt vite, et Canet utilise plutôt bien le ressort de l’émotion. Mais ils en font tous un peu trop, et à force d’être des caricatures d’eux-mêmes, le film finit forcément par en devenir un peu caricatural.
On sort touché(e) et un peu bouleversé(e), en regrettant de les avoir oubliés (ses mouchoirs) mais pour ma part un peu énervé(e) d’avoir cédé aux ficelles un peu éculées de la facilité…
J’ai été voir ce week-end le très attendu « The Social Network », de David Fincher, qui retrace la création de Facebook et révèle quelques facettes pour le moins obscures de son (co-) fondateur, le milliardaire Mark Zuckerberg.
Premier constat : on est loin du nerd sympathique et attachant. Le film s’ouvre sur une scène de rupture avec sa petite amie Erica (on se demande d’ailleurs, à l’entendre parler, comment Zuckerberg a réussi à sortir avec une fille : outre sa conversation peu passionnante -c’est certes subjectif-, il apparaît imbu de lui-même, n’hésitant pas à la rabaisser). De retour chez lui, il sort quelques bières, s’installe devant son ordinateur, son meilleur ami, et commence à blogger (où est le carton de pizza ?)…
En bon asocial aigri (le paradoxe entre le concept même de Facebook, la mise en relation des individus, et son « créateur », très seul, est assez saisissant), il en profite pour cracher sur son ex de manière peu élégante et tenir des propos insupportables sur les femmes… A l’encre, comme elle lui dira plus tard, et pas au crayon. C’est là toutes les limites d’Internet… On écrit ce qu’on veut, sur qui on veut. Germe bientôt l’idée de pirater les sites des fraternités pour récupérer les photos des filles du campus et permettre aux garçons, grâce à un algorithme, de les classer. La fréquentation explose, et le serveur d’Harvard plante. Zuckerberg passe en conseil de discipline.
Mais l’opération a le mérite de faire connaître ses « talents » (indéniables) à trois autres étudiants, incarnation de l’Harvard d’antan, avec son code de l’honneur un peu désuet, qui décident de l’engager pour mettre en ligne un réseau social réservé aux étudiants de la prestigieuse université. Les deux jumeaux Winklevoss sont aux antipodes de Zuckerberg : très sportifs, athlétiques, ayant reçu une éducation à l’ancienne…
Zuckerberg les promène pendant plus d’un mois, pour finir par lancer dans leur dos, avec l’aide financière de son meilleur ami Edouardo qui n’est pas au courant de cette usurpation, « The Facebook ». La suite, on la connaît : le site perd son « The », essaime rapidement dans toutes les plus grandes écoles américaines avant de gagner (j’ai presque envie de dire « gangréner ») l’Europe. Le meilleur ami et associé des débuts se retrouve évincé de l’affaire, Facebook devient « the site to be » et Zuckerberg milliardaire.
The Social Network apporte donc un éclairage intéressant bien qu’un peu complaisant sur la personnalité de Zuckerberg. Complaisant dans le sens où il apparaît presque attachant, avec ses tongs et ses tee-shirts trop grands. Il semble victime de son succès, un peu comme si, à part la technique, il n’était responsable de rien, qu’il était le premier surpris de sa réussite. Les faits font pourtant ressortir un personnage peu élégant, et par certains côtés un peu flippant.
Facebook a le mérite de poser la question des conséquences du progrès technologique sur nos vies privées, question qui nous conduit à nous demander si progrès technologique = progrès « humain »… C’est là tout le talent de ce site : même si l’on en arrive à la conclusion que non, Facebook, ce n’est pas forcément un progrès, du moins pas à tous les niveaux… Le site est tellement implanté qu’on peut difficilement s’en passer, au risque d’être « marginalisé ». Reste à composer entre la praticité de l’outil et ses dérives…
Et à apprendre à maîtriser ses « privacy settings ».